Trapesac, Darbsak 2012 Turquie (Cilicie)

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La célébrité  et la convoitise ne préservent pas de la ruine bien au contraire, elles capteraient dans leur sillage toutes les vanités. Dominer tous les regards, se distinguer, s’élever, appartient à aux symboles de la réussite. Satisfaction pour celui qui peut s’offrir la place stratégique depuis laquelle il est sûr de voir et surtout d’être vu. Tel est le propre d’un site fortifié, Darbsak n’échappe pas à la règle, il la magnifie, place célèbre parce que stratégique du Xe au XIVe  dont les rares vestiges se dissolvent dans des constructions récentes. La vue sur la plaine se dégage, il faut un œil aguerri, quelques bons rudiments d’histoire et les idées larges pour imaginer une citadelle, un bourg à ses pieds avec des Templiers affairés. A l’est part une route vers le nord, celle d’une passe dans le Nur Daglari, elle offre une autre voie pour aller d’Alexandrette à Antioche. Un passage bien gardé par le nid d’aigle de Calan à 15 km à vol d’oiseau, une bonne heure de route de montagne. L’histoire de Trapesac se mêle à celle de Baghras ou de Calan en défendant des passes vers l’Amanus et l’accès à la plaine vers Alep et Antioche. Origines inconnues, mais la position attractive incline à penser pour une  installation romaine reprise par les byzantins, puis reconstruite par les Templiers vers la moitié du XIIe siècle. L’histoire s’emballe vers 1170 lorsque Mleh le templier arménien inféodé aux muslims capte la place. Il décède en 1175, les chevaliers reviennent pour une bonne dizaine d’années avant de subir un gros siège. Il s’agit de la campagne de reconquête de 1188, Saladin a déjà récupéré tout le comté d’outre Jourdain, Saone et quelques autres sites fortifiés. En possession du prince d’Alep, Trapesac demeure musulman, résistant à plusieurs tentatives. Arménienne en 1205, lorsque Léon 1er conquiert Baghras et Antioche, puis de la part des Templiers vers 1237 installés de nouveau à Baghras et à Calan (la Roche Guillaume), mauvaise fin pour les moines guerriers, certains finirent à Alep dans un défilé où seules figuraient leurs têtes. Enfin, vers 1260, les Mongols auront raison de la garnison, ils concèderont la place aux Arméniens, mais Baïbars repasse en 1266. Dernier assaut connu en 1280, encore les Mongols, ils détruisent la ville et le château. Maintenant, conquérir le tell est devenu une formalité, une route circule autour de la colline, un petit parking se trouve au pied de l’aqueduc, le chemin parfaitement aménagé grimpe vers l’extrémité Est de la plateforme. Depuis les vestiges d’une tour carrée qui domine le paysage la route de Calan disparaît entre deux bosses, l’illusion perdure. Pour l’ambiance contemporaine, il suffit de se rendre vers la pointe Ouest en traversant le site, l’attrait d’une vue plein sud encourage les reconstructions. Elles forment un bel exemple de mutation et d’adaptation, l’abandon de pareils emplacements paraîtrait suspect.  Parvenu à la pointe Ouest, les ruines sont plus conséquentes et semblent préservées  pour le devoir de mémoire, quelques mètres de courtines, restes d’escaliers, une citerne et les bribes d’une salle voûtée qui contient dans sa paroi Est deux niches en lancette, comme des passages ou des ouvertures murées. La partie castrale occupait cette protubérance, il ne reste rien, l’appareil de petits blocs, généralisé à l’ensemble des bâtiments, tombent ou se recyclent plus facilement. Ce type de construction concomitant à la propriété des Templiers se retrouve à Baghras et à Calan. Les portions d’un glacis sont toujours visibles principalement sous le front Est. La visite sera rapide, à moins qu’il ne s’y installe une buvette. R.C.

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