Présilly 2010 France (Jura)

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Décidément les environs d’Orgelet sont prodigues en ruines, le bourg lui-même anciennement fortifié, t’engage à déambuler vers ses manoirs ou ses vastes maisons grises. Une remarquable austérité règne sur ces hauts plateaux qui s’efface sous la neige et le soleil. Simple détour afin de bâtir l’ambiance, celle de la fin étirée d’une belle journée d’hiver, quand le soleil disparaît derrière la forêt, laissant se noircir les blocs du champ de ruines. Soudain, un bruissement lourd suivi d’un hululement t’avertissent, ce n’est plus ton heure. Pourtant, il s’agit certainement de la plus opportune, à la vue des infrastructures festives en bois cartonnées disséminées sur le terre-plein. Avec peu d’imagination, elles te propulsent dans l’ambiance du fort au XVe, des cabanes et des cases entassées à quelques pas des remparts. Présilly revient de loin selon Henri-Paul Eydoux, égoïstement je me demande s’il n’aurait pas dû y demeurer, au milieu de ses broussailles ! Si tu fais abstraction des installations du son et lumière, de l’éclairage nocturne des remparts, de l’impossibilité d’accéder aux derniers espaces couverts, in fine, si tu te contentes de l’aspect extérieur, alors tu éprouveras un peu de compassion pour ces vestiges pacifiés. Le château féodal le plus beau et le plus fortifié du Jura connaît trois lignées ; les Dramelay jusqu’au début du XVe, Nicolas Rolin et son fils, puis la famille de La Baume dès la fin du XVe qui le conserve jusqu’en 1678. Lors de la tentative de ré annexion de 1479, les troupes de Louis XI investissent le château qui ne semble pas en avoir souffert. 1637 paraît plus fatal, la place est pillée par les Français, elle s’en relève difficilement pour subir le coup de grâce en 78, l’état de ruine est avéré dès le début du XIXe. Remercions Nicolas Rolin, grand argentier du Duc de Bourgogne, sans sa fortune Présilly aurait connu le sort des petites seigneuries voisines, pas de modernisation et un abandon probable dès le XVe. L’enceinte polygonale, voire patatoïde, du XIe se maintient, implantée sur une ligne de crête elle domine une plaine agricole avec au milieu la route de Lons à Orgelet. De plain pied avec la colline, un fort mur bouclier épaulé par un donjon carré, renforcé par un fossé, défendent le front Est. A l’extérieur prometteur répond un intérieur vide et désolé. Dans leur inventaire de 1830 Taylor et Nodier évoquent une chapelle, une tour avec un balcon, de larges fossés, aujourd’hui la signalétique en fait heureusement le commentaire. Les ouvrages d’accès sont de loin les plus intéressants, dressés au XVe il s’agit d’un bel exemple des avancées militaires du moment. Plaquée devant l’ancienne porte, une tour porche de deux niveaux abrite les deux ponts-levis, l’un piéton, l’autre pour les attelages. La salle des gardes à l’étage, conserve toujours les jambages et le manteau d’une grande cheminée. Isolée de l’ensemble par le fossé, l’imposante barbacane équipée d’embrasures de tir formait le premier front.
L’ouvrage assez ruiné, adopte une extrémité exposée en forme d’éperon qui se distingue encore. Avec ses hautes courtines, son donjon aux parois de trois mètres, Présilly ainsi défendu n’aurait craint que dieu et les forces royales. R.C.

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